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100 km de Millau (12) - Edition du 28/09/2013 (version Pascal75)
Pascal75

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 gniaqueur

  Posté : 01-10-2013 19:47

Le challenge était d’enchaîner les 100km de Millau, 3 mois après le grand raid du Morbihan.
Après le grand raid et quelques jours de repos, je me suis concentré sur le plan de Bruno Heubi... «Le spécial Millau».



C'est ainsi que ce vendredi 27 septembre, je me retrouve en compagnie d'Hubert en direction de la Mecque du 100 bornes.
Arrivés en Aveyron, nous allons prendre nos quartiers à l’hôtel situé à 18km du départ, puis en route pour le retrait des dossards. Là-bas, nous retrouvons Patrick, Juan, Marc et Francine.
Après un pot offert par la crêpière, nous nous donnons rendez-vous dans un restaurant où nous serons rejoint par Christian (Neptune). Comme d'habitude, une ambiance joyeuse et conviviale règne au sein de notre groupe.


(A la tienne Francinette)

Samedi 28 septembre, Parc de la Victoire :

La fine équipe est au complet. La tension monte. Tandis que je me prépare, Francine dit bonjour à des dizaines de personnes. Elle se fait photographier tout le temps. Une vraie star !



Je mets mes sacs à la consigne. Le premier reste à Millau, le second part pour St-Affrique, avec à l’intérieur la frontale et les brassards réfléchissants, matériel obligatoire pendant la nuit au risque de se faire disqualifier.

9h20. Je laisse les amis, pour rejoindre Pgaz en tĂŞte du peloton.
N'ayant pas d'objectif particulier, je n'ai pas la pression, sauf de finir la course, et si possible, en 11h, ce serait épatant..
Je n'ose croire en mes rĂŞves... oĂą je termine en dessous de 10h.



Hubert n'a eu de cesse de me répéter que le parcours est moins dur que sur le papier. Pourtant, d'après ce que j'ai lu sur le net, les difficultés sont bien réelles.

A 10h00, les fauves sont lâchés !!

Accompagné de Patrick (Pgaz), je prends une vitesse qui oscille entre 5'10 et 5'20 du kilomètre. Pour l'instant nous échappons à la pluie promise dans la journée.
La première partie est très roulante. J'ai le temps d’admirer le paysage qui est somptueux. Devant moi, se trouve Bruno Heubi à bicyclette. Il accompagne un coureur des foulées de Saint-Germain. Ce grand monsieur de l'ultra est au petit soin pour son protégé, s’arrêtant aux ravitaillements pour lui prendre ce dont il a besoin.



Vers le 11ème kilomètre, tous les GPS vont perdre leur satellite. Le mien le retrouvera vers le 13ème, J'ai l'impression d'être continuellement sur une pente descendante, pourtant, il va falloir revenir sur Millau, et avec Patrick, on se doute que le dénivelé va s'inverser.


(Kilomètre 30)

Les premières difficultés commencent juste après le semi que nous passons en 1h51.
A la sortie de Peyreleau, deux virages en épingle à cheveux nous projettent dans le vif du sujet. Ce n'est pas l'Alpe d'Huez, mais l'accumulation de petites bosses jusqu'à la fin du marathon entame forcément l'organisme. Lors des descentes, je m'applique à prendre de bons appuis et récupère le temps perdu lors des montées.
Je passe le marathon en 3h45.
En sortant de la salle, j'aperçois Patrick qui entre à son tour.

En route pour la 2ème boucle, un aller-retour pour St-Affrique.



Les choses sérieuses commencent. Au 47ème kilomètre, La cote de Creissels : 2 Km à 8%.
Je remonte quelques concurrents qui marchent. J'essaie de garder ma moyenne de 11km/h jusqu'au kilomètre 50. Ensuite... ben, ensuite on verra !



La grimpette m'a donné soif, si bien que je trouve la descente bien longue jusqu'au prochain ravitaillement. Pour l'instant, j'ai ''tourné'' à l'eau plate, maintenant, j'attaque le sucré avec du coca. Question solide, rien ne me fait envie, et je n'ai pas faim.
Le moral est toujours présent. Bien entendu, j'ai les cuisses qui se durcissent, mais je sais que c'est idem pour tout le monde.
L'entame de la côte de Tiergues va bien se passer. Le dénivelé est moindre que la précédente difficulté. Et puis d'un seul coup, nous prenons à droite et la pente s'accentue. J'alterne marche (10/20 mètres) et course (200 à 300 m).

Juste avant le sommet, je croise les premiers qui reviennent de St-Affrique. Ludo Dilmi, en tête, puis Hervé Seitz que j'encourage... lui même et ses accompagnateurs vont me renvoyer l'ascenseur.
Boosté, j'attaque la descente ! J'essaie de regagner du temps avant de faire demi-tour à St-Affrique. Une douleur derrière la cuisse m'oblige à raccourcir mes foulées. La descente est longue, et je sens d'avance que le retour va être difficile.

St-Affrique, Km 71. Je pointe en 6h40.
Il me reste 3h20 pour faire 29km, avec 10km de montées. Il faut aussi déduire le temps passé lors des ravitaillements.
Je ne suis plus lucide. Au bout d'un km et demi, je me rend compte que j'ai zappé la frontale, les brassards. Je m’arrête. Je ne sais plus quoi faire : rebrousser chemin ? Continuer ?
J'opte pour la deuxième solution. Advienne que pourra !
La montée n'est pas difficile... C'est un calvaire !
Mon regard est rivé sur le goudron pour ne plus voir la pente et le bout des longues lignes droites. Je croise Patrick, qui me dit qu'il va renoncer. Je lui demande, alors, s'il peut récupérer mes affaires, ou tout du moins, les faire revenir vers Millau.
Les encouragements des autres coureurs me font du bien. Puis je croise Francine. Je lui dit que je suis mort... je vais dire çà à tous les amis : Dans l'ordre, Marc, Juan...

Dans la descente Hubert me hurle dessus, car il sent que je vais faire une superbe perf. « Allez, Allez Biloute ! »


(Merci pour tes encouragements chef !)

Je fonce. La douleur derrière la cuisse a quelque peu disparu. J'arrive à courir presque à 12km/h. Je serre les dents, je fais abstraction de la petite voix qui me dit de marcher, de souffler. Je pense à Isabelle, aux membres Pcap, mes parents, à mon club. Je n'ai pas le droit de flancher.
J'aborde la dernière difficulté. En haut, c'est le viaduc... au sommet, il me restera 8 km, dont une grande partie en descente. Si j'arrive à négocier l'ensemble, c'est pratiquement gagné !
Je croise Neptune. Il m'encourage. Je lui dis que je n'ai pas le temps de m’arrêter, si je veux garder une chance de finir sous les 10h. Je sens les crampes arriver. Depuis un bon moment, je calcule la vitesse à laquelle je dois courir.
Le décompte des kilomètres est laborieux 5... 4... 3... 2... 1... à mon GPS, la barre des 100Km est déjà passée !!!
J'entre dans le parc... un bénévole me dit que 2 coureurs reviennent sur moi. Ce n'est pas grave. J'ai tout donné, et il ne me reste plus rien. Ils me passent sans que je puisse réagir. J'escalade la rampe (elle est tellement raide). Je passe le tapis et laisse exploser ma joie !
9h54'43'' Mon rêve est devenu réalité.



Je récupère mes affaires, puis j'appelle Isabelle. Je ne peux pas lui parler longtemps, car le bruit de la salle est trop fort. Trop forte, aussi, est mon émotion. Je craque !
Je n'ai pas la force de me changer. Étendu par terre, les pieds relevés sur une chaise, je vais mettre 30 minutes pour réaliser, récupérer puis me changer.

J'ai envie d'une bonne bière... non 2 ! Une pour me désaltérer, et une autre pour savourer le moment.
Çà sera fait en compagnie de Pgaz et son pote Benoît, l'un des 2 coureurs qui m'a ''grillé'' dans le parc (Non mais Allo quoi !!).

De retour dans la salle, nous voyons Francine qui est en pleurs. Nous nous congratulons.

La victoire est encore plus belle quand elle est partagée.

Puis arrivent Marc, Hubert et Juan. Le pauvre Neptune a dĂ» renoncer.



Quel beau week-end !

Nous sommes entré(e)s dans la légende de Millau...

Tu es CentBornard ?
Tu as fait Millau, alors ?

Je vais enfin pouvoir répondre : Bien sûr !

Merci de m'avoir lu.
Merci également pour vos encouragements...

Message édité par : Pascal75 / 01-10-2013 20:34




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