Il est 8 h 30, je suis dans ma voiture, il fait 2° au thermomètre, alors qu’il a fait 8° tous les matins de la semaine, et j’ai plutôt envie de faire le rouleau de printemps dans mon lit que de participer à Brennus 2012. Mais je me suis engagée, et comme à chaque fois que je m’engage, à moins d’une bonne raison, que je n’ai pas trouvée pour l’occasion, je vais mettre le contact direction Sebourg et son clocher. Et puis il y a le MBO ! Je ne peux pas me défiler, j’ai promis de la faire car c’est une course organisée par le Comité Régional Européen de Cardiologie et Prévention Santé et elle est promue par le club : Brennus, un bouclier pour un cœur. Moi j’ai des boucliers à chaque pied. 1€ par coureur sera reversé pour la lutte contre l’infarctus.

Infarctus, c’est ce que j’ai failli faire en apprenant que la course démarrait à 10 h ! Cool, ayant une heure d’avance, j’ai le temps de gamberger un peu plus. Je m’installe dans ma voiture et j’écoute la radio locale : « I feel nervous and I cannot relax » chante Coldplay. C’est exactement l’état dans lequel je me trouve. Je pense à Laurent94 qui reluque les coureurs et j’entreprends de regarder ceux qui s’échauffent pour le 5 km mais je ne louche que sur les chaussures, j’ose pas plus haut. Je suis assise et à hauteur d’yeux je vois autre chose.

Avec quelques membres du club

C’est enfin le départ du 10 km ! Ma petite tribu, trop fatiguée, n’est pas là pour me motiver, il va falloir que je me prenne en main. Dans le cœur du peloton, il fait chaud, j’écoute les stratégies des uns et des autres, mais ça ne m’inspire pas plus que ça ! Au coup de feu, je suis déjà en retard, j’ai oublié de démarrer mon GPS. Et puis dans la descente, du 1er km, je me sens bien alors je ne pense plus, je cours enfin, comme délivrée.

Après la descente, c’est la bosse du 2èm km, que je monte curieusement plus vite que le premier comme d’ailleurs les 5 km qui suivront et dont je n’ai absolument aucun souvenir. J’étais sur la route et puis spontanément je me suis mis à penser à mes enfants, parce que je les aime tout simplement. Ensuite mon mari m’est venu à l’esprit. Une véritable perle, je me sens privilégiée de l’avoir dans ma vie. Ensuite j’ai revisité mon jardin, toutes les pièces de ma maison et les nombreuses raisons pour lesquelles j’aime tant y vivre. J’aurais pu réfléchir à n’importe quoi, l’année dernière, pour cette même course, je vous avais raconté une « salade ». Là, dans mes réflexions, j’ai choisi d’être bien. Puisque nous les humains avons cette faculté : choisir librement nos pensées.

J’étais si bien que redescendue sur terre, je me trouvais dans la montée du Pissot au 8ème km. De nouveau consciente des difficultés, je le cours en plus de 7 min. Je suis toute seule et s’il n’y avait pas eu de signaleur, j’aurais bien cru m’être trompée de chemin. La descente qui suit me rappelle que je me suis fixée un objectif MBO, je mets le paquet. Il reste encore 1 km et une grosse difficulté : la côte de fin en schiste et pavés à 16 % ! L’arrivée est toute proche, j’entends la sono et sa chanson entraînante : « corde à sauter, hé hé, position 1-2 ». Je n’ai aucune idée du temps que j’ai mis, je crois que je suis hors MBO tout comme j’ai été hors du temps pendant presque 40 min. A ma montre j’ai couru 9,94 km en 1 :04 :01. Je n’apparais même pas sur les listings, comme si je n’avais jamais couru, d’autres coureurs feront la même constatation. Et pourtant on était bien là !

Courir c'est vivre 2 fois
5 km - 26'49 - 09.10.2011
10 km - 1:00:37 - 10.10.2010