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Marathon d'Athènes (Grèce) - Edition du 11/11/2012
Laurent94

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 gniaqueur

  Posté : 19-11-2012 18:47


Comme certains l’ont peut-être appris par le blog « Cours après moi que je t’attrape », j’ai eu la grande chance de m’incruster dans une délégation bretonne qui partait faire le marathon d’Athènes dans le cadre d’un jumelage. Vous voyez le tableau un parigot « pur Paris » coopté par une troupe de Cornouaillais à l’assaut de l’Acropole…



Au-delĂ  que nous devions apparemment courir sur les traces de Phidippidès, il a fallu ensuite finaliser le jumelage. Disons que cette partie intime ne sera pas divulguĂ©e dans ce compte-rendu Ă  la sauce grecque, ni dans le Voici de novembre. En effet, Pcap Cooporation Ă©tant une institution sĂ©rieuse, pour sportifs avisĂ©s et bobybuildĂ©s, je ne vous compterai par ma rĂ©cupĂ©ration festive au pays de la crise sauf comme me disais un ami local, avec « sa gueule de mĂ©tèque et de Padre grec », « είναι η κρίση μου Lolo αλλά όχι για l ούζο » (« c’est la crise mon Lolo mais pas pour l’Ouzo »).

Entre nous, afin d’être un brin sérieux, regardez dans votre boîte optalmologique et otorhinolaryngologie autre chose que TF1. Au-delà que cette chaine de TV va foutre en l’air votre écran plat dernière génération, elle nous endort pour nous distiller tout un tas d’idées reçues telles que le Grec est un paresseux qui boit du raki sous le soleil toute la journée, sans travailler, sans payer d’impôts tout en dansant le sirtaki. La démagogie est un mot d’origine grec mais les démagos sont partout (pour ceux qui n’ont pas fait option « grec », du grec demos « le peuple » et ago « conduire »). J’y ai perçu au cours de cette semaine tout autre chose malgré une chute du PIB de plus de 20 %... Je finirai donc ce propos « hors sport » par « va te faire voir chez les Grecs » qui est aussi un véritable stéréotype mais vu l’accueil chaleureux et sympathique, j’y retournerai et plutôt deux fois qu’une !



Bon et le marathon dans tout cela… je vois déjà les plus affutés d’entre vous commencer à se ronger l’olive en se disant, il va finir par nous la raconter sa course. En fait, je tarde à rentrer dans le vif du sujet car je suis très partagé sur ce marathon. Certes, c’est mythique… j’ai fait le marathon de Marathon, le vrai de vrai, garanti 100 % pur Grèce.
Quand vous voyez le tumulus de la bataille et la flamme olympique sur le stade marathon, vous sentez quelques frissons vous parcourir l’échine près à en découdre avec les 7500 autres participants. Il faut dire que l’impatience est là puisque vous attendez depuis presque deux heures à Marathon City.

En effet, une super organisation vous emmène gratos en car du centre d’Athènes au départ mais aux aurores… En arrivant, vous pensez trouver quelques boîtes de nuit encore ouvertes ou vous allez pouvoir vous initier au sirtaki avec Demis Roussos, ou bien vous taper quelques rasades d’ouzo iso, boisson d’attente locale. « Ni-ni, que dalle, que pouic, nada, que tchi » : pas l’ombre d’un rade à l’horizon !!! Un stade au milieu de nul part, des chiottes en plastique, de la techno grecque et une bouteille d’eau…

De plus, mon marathon de Marathon a failli finir sur cet endroit charmant et totalement atypique. En effet, lors de l’échauffement avec l’un des champions de la dernière Chouchen Run, une charmante Athéna locale, Déesse des slips « kangourou », m’a involontairement coupé la route et v’lan, me voilà pas à plat ventre sur le stade, les genoux tous ensanglantés et l’épaule gauche douloureuse. J’ai dû faire appel à Niké, la Muse qui a créé la marque favorite de Crisitano Ronaldo pour me remettre debout et me permettre de rejoindre le départ tant bien que mal.



Propulsé par quelques marathoniens français déguisés en soldats antiques, de beaux danois tout de rouge vêtus, quelques chinois drapés dans leur drapeau national, un sud-africain blanc et quelques pétards (pas ceux qui pas rendent nigaud !), mon départ fut pris un peu dans la douleur mais sous un soleil radieux et une température de 22 degrés. Après avoir ajusté mon string et mon maillot ventant le jumelage en grec et en français me voilà parti à l’assaut d’Athènes, juste dernière l’élite ougandaise et kenyane. Au bout de 500 mètres de foulées euphoriques, nous nous enclenchons sur une deux fois deux voies que nous abandonnerons seulement que dans les faubourgs d’Athènes après 38 kms de galopade goudronnée !

Vous comprendrez aisément mes premières réserves concernant cette antique course. Le mythe de Phidippidès, tout bronzé, luisant d’huile d’olive bio, courant presque nu, sandales minimalistes aux pieds, cheveux gominés au vent en a pris un sérieux coup… J’ai donc couru sur cette voie rapide fermée heureusement à toute circulation et ceci dans les deux sens. C’est un brin glauque quand on connaît la beauté de ce pays mais bon, c’est mythique… le marathon de Marathon !

Les 10 premiers kilomètres se passent tranquillement dans un paysage campagnard plutôt bucolique entre deux montagnes. Peu de personnes sur les bords de route, quelques ouvriers agricoles albanais et pakistanais, qui rigolent de voir ce peloton coloré s’allonger tranquillement sous le soleil d’automne.
Connaissant les difficultés futures du parcours, j’assure un bon rythme régulier malgré mes genoux rappés. En effet, comme vous le savez peut-être, ce marathon de Marathon a aussi la spécificité de grimper ensuite pendant… 22 kms dont les 12 derniers kms sont en faux plat constant, sans possibilité de relance. Habitué des trails et des marathons spécifiques, j’avoue que j’en ai bavé des ronds chapeaux (ou des chapeaux ronds pour les bretons !), notamment dans les deux derniers kilomètres car au-delà de la monotonie du parcours, la grimpette finit par peser sur l’organisme. Le coulage de bielle pédestre n’était pas loin !



Après ces considérations mécaniques qui raviront plutôt les fans d’auto-moto, l’ambiance est à chaque carrefour. Nos amis grecs s’agglutinent ainsi pour hurler, applaudir, siffler, taper dans votre main, gueuler dans des mégaphones ou vous offrir des bonbons et des branches d’olivier. A la troisième branche d’olivier que l’on vous donne, vous commencez à vous inquiéter de l’amas de feuilles à transporter : j’en ai collé une dans mon short moulant qui me grattait ensuite le popotin (à cause du string je pense) et l’autre dernière la casquette me donnant ainsi l’air d’un sioux grec inscrit nouvellement à la Cotorep.
Heureusement que ces agglutinements sont de véritables phares dans cette monotonie grecque. Pour lutter contre cette uniformité bitumée, j’ai bien pensé monter une étude économique comparative sur le prix du Gasoil, le 11 novembre 2012, entre Marathon et Athènes. En effet, nous avons dû croiser une bonne vingtaine de pompes à essence tout le long du parcours : l’image du berger grec en a pris un coup dans mon image collective individuelle, remplacer désormais par Dimitris le Pompiste !

Bon vous allez finir par croire en lisant mes propos que je n’ai pas eu d’érection marathonienne à Athènes. Elle s’est simplement révélée un peu tardivement et surtout cachée par la branche d’oliviers offerte par la sœur jumelle de Nana Mouskouri à la station Elf du kilomètre 28.



Ainsi, après avoir souffert comme un morceau de feta ayant trainĂ©e sur la planche arrière d’une R18 en plein soleil , nous arrivons en haut de la cĂ´te, dans les faubourgs d’Athènes, et lĂ , vous vous dites, « fastoche », il me reste 10 kms de descente et « roule ma poule ». Je ne comprends pas mon organisme, il ne rĂ©agit pas comme mon cortex cĂ©rĂ©bral le voudrait. Je souhaitais descendre Ă  14 kms et me voilĂ  bloquĂ© pendant 2 bornes Ă  11 kms Ă  l’heure ! Il faut dire qu’un certain nombre de mes camarades de souffrance Ă©taient pris de crampes spontanĂ©es, tordantes, suivies de hurlements. C’était l’hĂ©catombe ! (pour les ignards, les bĂ©otiens, et ceux qui ont faits latin : HĂ©catombe, en grec ancien ἑκατόμϐη / hekatĂłmbĂŞ). Au regard de telles images dignes de W9, n’importe quel Hippocrate en herbe, comprendrait aisĂ©ment que ma masse cĂ©rĂ©belleuse n’est pas voulue suivre mes guiboles pourtant fringantes.

Après avoir avalé un bout de banane camerounaise par les deux bouts, les sensations reviennent doucement. Porté désormais par la foule athénienne en délire, il suffit simplement de courir, de sourire béatement comme sur les pubs pour le dentifrice et faire de petits signes de la main. Je n’ai jamais vu un tel nombre de spectateurs tassées au bord de la route ; la foule vous portant comme Ulysse vers Pénélope Cruz et puis, « cerise sur le gâteau » comme disait Mémé Zinzin, l’arrivée sur le stade antique majestueux où trônent 15 à 20 000 personnes. J’ai dû courir les 200 derniers mètres en un temps, digne d’un cul-de-jatte bourré au Retsina, zigzaguant ainsi d’un bord à l’autre de la piste, afin de profiter le plus longtemps possible de ce moment magique…

Voilà, c’est fini. Une course de plus à mon petit palmarès, content de ma performance malgré quelques souffrances : 3 h 24 et 47 secondes. Je me classe 446 au général et 44ème dans la catégorie des 45-49 ans.

Le match retour est prévu avec les amis grecs au Marathon du Bout du Monde en avril 2014 (Pointe du Raz) et le retour du retour en novembre 2014 en Grèce. J’irai donc aller me faire voir de nouveau chez les Grecs, saison 2, le rdv est pris !




PS : Francineeeeeeeeeee. Les photos arrivent...



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