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8e marathon de Cheverny - Edition du 05/04/2009
Pascal75

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 gniaqueur

  Posté : 06-04-2009 21:43

De rien… à Marathonien.

Cinq mois de course à pied avec mon pote Hubert, parmi lesquels, 10 semaines de préparation pour participer à mon 1er grand défi.
Une période ou j'ai eu quelques doutes, mais aussi des moments d’euphorie après deux compétitions (Les 15 km de Charenton et le semi de Nogent sur Marne).

Le jour J est (enfin ?) arrivé ! J’ai opté pour Le marathon de Cheverny, au lieu de Paris dont l’inscription était un peu trop chère à mon goût.
Comme mes parents habitent dans le Loir & Cher (je vous vois déjà fredonner la célèbre chanson de Michel Delpech…), je faisais d’une pierre, deux coups : Leur rendre une petite visite, et me faire héberger pour le week-end.

Réveil le dimanche matin à 6h40, après une nuit assez agitée. Un petit café, et me voilà parti pour le château, emmené par ma petite Véro. Pendant le trajet je mange une part du gâteau que m’avait préparé, Hubert. Si il était évident que la pâtisserie avait des valeurs énergétique, je commençais a être écœuré à la moitié de ma portion… Je le remercie tout de même, car je me rend bien compte que cela m’a été bénéfique par la suite.
Le trajet nous a pris un peu plus de temps, à cause des routes barrées et des déviations liées à la course. Pendant ce temps, la radio annonçait mon horoscope et inciter les taureaux à rester chez eux, bien au chaud, avec leur famille… Ma chérie n’a pu s’empêcher de rire…



8h00 : Retrait de mon dossard. Présentation d’une pièce d’identité et remise de mon étoffe numérotée et pucée, un tee-shirt, une entrée pour visiter le château, un sac avec des biscuits, une éponge… et une bouteille de vin rouge de Cheverny, étiquetée aux couleurs du marathon.



Retour à la voiture pour me changer, et là, des passants nous signalent que notre pneu avant est à plat… Ca commence bien !

8h35 . Encore 25 mn avant de nous élancer pour 42km195 (si si… les 195 m comptent beaucoup).
Mon premier marathon !… enfin… je dis premier, mais depuis 2 mois, j’en ai bien parcouru une douzaine en rêves.


Au passage, une pensée pour celle qui se décarcasse pour le site...

Quelques photos avant de nous diriger dans le parc du château, ou a lieu le départ. Le capitaine Haddock et le Professeur Tournesol font leur arrivée, suivit par les meneurs d’allures. Je repère la couleur des fanions qui m’intéressent. Orange pour faire la course en 3h45, et rouge pour les 4h00. Dans mes désirs inavoués, je voulais effectuer la course en moins de 4h00… alors que " terminer " aurait déjà été très bien.





8h50. Les grilles s’écartent pour laisser passer les concurrents. Malheureusement, les spectateurs sont interdit dans le parc, donc pas de photo devant le château et au départ.
Des coureurs se reconnaissent, parlent des courses où ils se sont rencontrés. Certains se concentrent, d’autres blaguent. Des visages se crispent… De mon coté, j’écoute. je « vole » les conseils que certains s’échangent, des informations sur le parcours. J’aimerai bien partager quelques mots, mais je ne connais personne.. On se regarde, en essayant de deviner ce que pense l’autre.
Le Marathon de Paris est parti depuis plus de 10mn et je me demande si Hubert a passé la ligne de départ…





9h00. BANG ! C’est parti… je passe la ligne une vingtaine de secondes après le coup de feu. 1300 participants, ce n’est pas les 37000 de la Capitale. Le sentier en gravier n’est pas l’idéal pour courir, mais 100 mètres plus loin, on sort du parc, et on emprunte le bitume pour un petit tour de 5km, histoire de découvrir Cour-Cheverny. Pour moi, c’est l’occasion de m’échauffer et pour finir : trouver un rythme.
Je vois les meneurs d’allure (drapeaux orange) du 3h45 à environ 100m… je suis pris dans la spirale du peloton. On me dépasse, mais j’en double aussi. Pour finir, je boucle mon premier kilo en 5’13. Trop vite ? Pas assez ? je ne sais pas ! Je n’ai pas préparé de planning de course. Je doute quand même de la vitesse des meneurs du 3h45…





2ème kilo en 5’09, les pavillons oranges ont maintenant 200 m d’avance… cette fois j’en suis sur, ils sont partis bien trop vite pour moi. Je ralenti un peu, mais peut-être pas assez : 3éme kilo en 5’13…
A partir de ce moment j’arrête de consulter ma montre à chaque kilomètre… Fin du petit tour. J’aperçois Véro, derrière la ligne d’arrivée.. Je lui fais un grand signe de la main… Tout va bien !



Premier tour. Il y a beaucoup de monde sur le bord de la route. Les encouragements pleuvent, une troupe de musiciens jouent de la samba… Premier ravitaillement : Je prend a peine le temps de m’arrêter pour un jus d’orange. Pas faim et pas soif .. J’entend déjà Hubert me dire « pas bien ! »… Pourtant moi, je suis bien. Dans un rythme qui me convient. J’apprécie même la longue ligne droite qui a l’air interminable (+ de 5 kilomètres).
Sur le coté de la route je distingue plusieurs bornes jaunes qui indiquent les Kilomètres...
A mi ligne droite, le terrain change : on court maintenant sur un large sentier de forêt, avec un bon faux plat. A 200 mètres ce trouvent les meneurs de 3h45. J’ai l’impression de revenir sur eux, et cela, sans accélérer.
Je les rejoins au 10éme kilo. Tout le groupe s’arrête au 2ème ravitaillement.. Moi, je prend au vol, une boisson énergétique, davantage pour prendre quelque chose que par envie.
Les bornes défilent... Ils s’agit de mes meilleurs moments sur le marathon. On parcourt une route à travers la forêt, le soleil a fait son apparition… les oiseaux chantent ! J’en reviens pas d’être aussi bien ! Trop bien même… j’apréhende de voir surgir de derrière un arbre le fameux mur du marathonien dont beaucoup m'on parlé.
18ème kilomètre. Derrière moi, j’entend le souffle d’un groupe, le bourdonnement sur l’asphalte de plusieurs paires de running… Des encouragements montent dans mon dos. Je n’ai pas envie de me retourner (je ne le ferais jamais pendant la course) mais à un tournant en épingle à cheveux, je vois le groupe "orange" qui revient sur moi. Je ne suis pas surpris. Je suis même étonné qu’il ne m’ai pas rattrapé plus tôt !
Ils vont me passer au ravitaillement des 20 bornes.. J’en profite pour prendre leur « roues » ou plutôt leur baskets.. Pendant la traversée du parc je dresse un premier bilan de la situation, de mes sensations et de ce que je compte faire… Mon projet : suivre le groupe jusqu’au 30ème kilomètre et voir dans quel état je serais à ce moment la.
En attendant, je boucle mon semi en 1h51
Je passe la ligne… Ma Véro d’amour m’applaudit et m’encourage.. Je suis encore bien !



Deuxième tour. Panneau 23 : Pour moi c’est l’inconnu. Je n’ai jamais fait plus de 22 kilomètres que ce soit en compétition ou à l’entraînement. Je m’accroche derrière le groupe jusqu’au ravitaillement du 25eme kilo… Il sera fatal ! les meneurs d’allure ne s’arrêtent pas, je prend 20 puis 30 mètres dans la vue… et un sacré coup au moral. Je ne reviendrais plus ! Les lignes droites n’ont plus l’air, mais sont devenue interminables.
Sur le coté, je croise des concurrents qui rebroussent chemin en marchant ou plus souvent en boitant… on lit la déception sur leur visage. On a l’impression d’être dans une course par élimination. Je pense au film : "On achève bien les chevaux"
Mais moi, je suis toujours là ! Pas au mieux, c’est certain ! mais je cours encore (pour combien de temps ?)
Le fameux kilomètre 30 est passé, je serre les dents et je m’accroche… Je ne vois plus les fanions orange, mais je sens un léger mieux. L’organisation a inscrit nos prénoms sur les dossards, et le long de la route j’entends des "Allez Pascal" qui me "boostent"… je double des coureurs qui marchent, d’autres qui trottinent.. Des spectateurs font une Ola dans un virage, et en reconnaissant mon maillot du Stade Français me crient : "ALLEZ PARIS"…
Pour un coup, je me serais cru au Stade de France !



Je me bats contre la montre… j’essaye de calculer la vitesse que je dois effectuer pour arriver en moins de 4 heures… C’est du n’importe quoi ! ! je n’arrive même pas à évaluer ma vitesse moyenne.
Les départs des ravitaillements sont douloureux… mais pas seulement pour moi...
J’ai zappé le ravitaillement gastronomique du 38ème kilo… Fromage de chieuv’ …(c'est le nom que l’on donne au fromage de chèvre dans le loir & Cher), et vin de Cheverny. Un des "Dupont" me crie "Arrête toi 5 minutes mon gars !"   et l'autre " je dirais même plus… vient boire un petit coup ! ". Si j’accepte, je ne pourrais plus repartir.



Les 3 derniers kilomètres. Chaque foulée est un peu plus dure que la précédente. J’ai l’impression de ne plus avancer. Pourtant je double encore quelques concurrents. J’essaye de les encourager. Je rattrape un coureur qui fait l’élastique depuis un petit moment. « courage, c’est bientôt fini ! » il me répond : « Tu as raison, ça sent l’écurie ». Panneau 41… Plus qu’un kilomètre !… et 195 m.. Depuis un moment, mon moral d’acier et de guerrier m’empêche de marcher… Je vois le château. La fin du calvaire ! Un groupe me rattrape, j’entends un enfant qui crie « Vas-y papa… Allez papa » on dirait la voix de mon petit Florian. Mais non, mon bonhomme n’est pas là… le père prend la main de son fils et finissent la course ensemble. Je ne peux pas les suivre…
Le tapis rouge… et enfin le bip de la puce sous la ligne : 3h55 et 21 secondes...



Je cherche VĂ©ro du regard... Ă©galement mes parents qui devaient nous rejoindre. je ne vois personne !
On me remet la médaille en me félicitant. Ai-je fait une belle course ? J'ai vraiment fait un marathon ? Je ne sais plus !
La soif me gagne, la tête me tourne. Je récupère un verre de coca, puis un deuxième... je m'assois sur un banc et j'attend. Je récupère. Je vois mes parents... puis véro. Ils me demandent si ça va.
Les seuls mots qui sortent sont : "J'en ai C..." A ce moment l'Ă©motion me gagne, ma vue se brouille. Je ne vais quand mĂŞme pas pleurer...



Je sens que Véro est fière de moi. Je lui dédie cette course, pour les week-end ou je suis allé courir, les soirs aussi...
Elle ne m'a jamais empêché de m'entraîner.
Je la dédie aussi à Hubert75. Sans lui, je n'aurais jamais fait de course à pied... alors faire un marathon. Il m'a encouragé, fait progresser et a toujours cru en mes possibilités. Merci !


Merci également aux organisateurs et aux bénévoles de cette course qui me laissera un souvenir impérissable.

Aujourd'hui mon moral est d'attaque pour de prochaines épreuves. Mes jambes le seront dans 2 ou 3 jours. Avec Hubert, on va se préparer pour les 100 km de Steenwerck et ainsi passer :

... de Marathonien à Centbornard... mais ça, c'est une autre histoire...


Message édité par : Pascal75 / 07-04-2009 12:27



Message édité par : Pascal75 / 07-04-2009 13:11



Message édité par : Pascal75 / 07-04-2009 13:13




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