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32 km A travers l'Estran - Edition du 20/09/209
BreizhRunner

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 gniaqueur

  Posté : 21-09-2009 21:03

La course de l'estran est la quatrième épreuve du challenge de la solidarité Trégor-Argoat.
Chaque course du challenge s'engage à reverser l'intégralité de ses bénéfices à une œuvre humanitaire. Dans le cas de la course de l'estran il s'agit de collecter des fonds pour le centre des enfants polyhandicapés de Trestel.

Dimanche 20 septembre (marée d'équinoxe) me voici vers 11h sur le lieu de l'arrivée de la course à Trestel. J'en profite pour faire quelques photos des lieux et je me prépare pour prendre la navette qui me conduira au port de la roche jaune.

Une fois à la roche jaune je m'assoie au soleil et je grignote un peu en attendant le départ qui aura lieu dans presque deux heures. La course se divise en deux groupes, les tortues dont le temps de course est estimé à plus de 3h15 et les lièvres à moins de 3h15. Je m'étais inscrit dans les lièvres, estimant que 3h15 pour 32km avec une moyenne tranquille de 6mn/km cela devait le faire. Les tortues s'élancent à 12h15 puis les lièvres à 12h45.

12h45 les lièvres partent dans la "casse patte", une route bitumée qui monte en lacet pendant 1km. Ca reste du bitume et ça ne présente aucune difficulté. Ensuite nous redescendons sur l'estran afin de repasser devant le point de départ.
L'estran s'est la partie de rivage qui est découverte à marée basse. Sur cette première partie, le sol est jonché de cailloux un peu particuliers. Il faut imaginer un polyèdre de la taille d'un poing. Autant dire que sur ce type de surfaces l'équilibre est instable.

Et justement au bout de deux kilomètres je me tords la cheville. Pas quelque chose de trop grave mais suffisant pour que je ressente une douleur à chaque fois que je pose le pied au sol.

Etant encore proche du lieu de départ tout en poursuivant ma course je réfléchis sur la démarche à suivre. Pour finir je décide de continuer considérant que la douleur est insignifiante pour justifier un abandon.

Après l'estran nous rentrons dans le bois de l'enfer (ne me demandez pas pourquoi il porte ce nom, je ne le sais pas), le sentier est souvent en dévers et des racines et autres surprises se cachent partout. Je trébuche une première fois avant un petit pont, juste le temps de poser les mains en avant et je repars dans la foulée sans bobos. 1 km plus loin je glisse sur le coté et je m'écrase de tout mon poids sur le flanc, le coté haut de la cuisse gauche va tout prendre. Pendant le reste de la course ce muscle sera douloureux. Je m'apercevrai une fois de retour chez moi que je m'étais aussi entaillé sous le genoux gauche, chose dont je ne me suis pas aperçu sur le moment car je me suis relevé de suite en courant. En fait toutes ces chutes sont dues à ma cheville foulée, elle est endolorie et je n'arrive plus à assurer ou ressentir mes appuis sur le pied droit.

Pour autant je continue et je finis par arriver au 20éme kilomètre en 2h01, je suis pile dans les temps pour le chrono que je me suis fixé. A l'approche de ce 20éme kilomètre je m'offrirai le luxe de doubler quelques tortues (les plus lentes), et de refaire mon retard sur des concurrents qui m'avaient distancés au début de cette course.

Après mes déboires du début que pourrait il m'arriver de pire maintenant? Je suis pris de nausée et je sens que je vais vomir, je m'arrête et je me vide à plusieurs reprise. On nous avait dit de ne laisser que nos traces de pas après notre passage, moi j'en aurai laissé un peu plus
J'ai renvoyé l'isostar que j'avais dans mon camel-bag. Je n'ai pas du le supporter. Tant pis je me dis qu'une fois débarrassé de ce problème je vais reprendre comme si de rien était.
Je me remets à courir et là grosse crampe d'estomac qui m'oblige à m'arrêter et marcher. Les 5 kilomètres suivants ne seront qu'une succession de course à petit trot et de marche en alternance de ces fichus crampes extrêmement douloureuses.
Je croise un signaleur qui faisait aussi le pointage, il me dit que ça a l'air dur et je lui explique rapidement mon problème. Il m'indique la direction du prochain ravitaillement.
Une fois au ravitaillement je prends un verre de coca, qui me fera un bien fou.

Je repars et les crampes d'estomac semblent avoir disparu, pour autant mes muscles se sont beaucoup trop refroidis pour pouvoir repartir à un rythme correct surtout après les 20 kilomètres du début de course. Je cours tant bien que mal et me mets à marcher dans les parties instables (algues, rochers et galets).

Je suis enfin à coté du centre des enfants de Trestel. En passant le long d'un jardinet un des enfants en fauteuil à la main posé sur la rambarde. En passant je lui effleure la main, il ne semble pas vraiment réagir... J'ai l'image d'une âme enfermée dans une boite qui regarde le monde part le trou de la serrure. Puis je me dis que malgré tout ce que je venais de traverser, qui a la meilleur place? Moi bien sûr, qui a la chance de pouvoir vivre en décidant d'aller courir si j'en ai l'envie.

Je descends sur la plage et là un signaleur me dit qu'il faut aller à l'autre bout de la plage, contourner la banderole et revenir sur la ligne d'arrivée. Décidément quand on pense être arrivé il faut encore courir.

A l'approche de la ligne d'arrivée le speaker donne mon numéro et mon nom, et là je l'entends dire "il a eu des problèmes de santé durant la course, on peut l'applaudir bien fort", et là j'ai le droit à des applaudissements nourris du public qui était présent. A vrai dire je n'ai jamais eu un tel accueil. Ca m'a vraiment fait chaud au cœur, d'autant plus que d'habitude je n'ai jamais personne pour m'accueillir sur la ligne d'arrivée. Mais comment savait il pour mes soucis? En fait il l'a appris par le signaleur qui donnait les numéros par téléphone au pointage.


Au final il m'aura fallu 3h51 pour terminer ces 32 kilomètres dont les 12 derniers kilomètres dans un temps tortuesque de 1h35. Je pense que ce trail est vraiment très dur et surtout assez dangereux. De part la surface de course, rochers, galets, algues, vase, rivières, il y a un risque de blessure à tout moment, aujourd'hui dans ma petite carrière de trailler je pense que c'est le trail le plus dur que j'ai eu l'occasion de courir. Pourtant c'est peut être sur ce genre d'échec qu'on apprend le plus. Techniquement je sais qu'il faut que je travaille de nouveaux points et d'un point de vue humain cette course n'avait pas de prix.


Points MBO:
2+2+32+2=38

PS: Bon il y aura sûrement des photos de la course, j'ajouterai le lien le moment venu. Remarque ça doit faire trois courses que je dis ça et que je ne vois venir aucune photos lol
Sinon j'ai mis ici les quelques photos de Trestel prisent le matin http://picasaweb.google.fr/breizhrunner/Trestel#
Il faut imaginer la même chose 3 heures plus tard, c'est à dire avec l'océan 1km plus loin voir un peu plus par endroit.




Des photos de la course http://picasaweb.google.com/cathdup22/TrailDeLEstran2009DesNoeudsPapsDuJDMDeBuresYvette#


Message édité par : soleia / 24-09-2009 18:22



Message édité par : breizh_runner / 07-11-2009 16:01




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