Je pensais avoir tout bon…

Une préparation sur 12 semaines, scrupuleusement respectée et très bien réussie d’ailleurs…

Une qualité et une quantité de sommeil comme il faut.

Une diététique surveillée particulièrement cette dernière semaine et les 3 jours avant marathon…

Des ravitaillements non sautés, où j’ai marché quelques secondes à chaque fois pour reposer les jambes…

Un départ à MON allure, respectée le plus longtemps possible, avant de commencer inexorablement à faiblir (vers le 16e km…).

Mes temps de passage scotchés sur mon bidon, pour ne pas me tromper.

Il faut avouer aussi une météo exceptionnelle : pas de vent, un superbe ciel bleu.

Et un cadre magnifique puisque nous avons longé quasiment constamment la mer Méditerranée.


Mais je SAVAIS déjà depuis le semi du Lubéron raté – le 5 octobre, il y a donc un mois – que je n’atteindrais pas mon objectif de 4 heures.

J’étais dans le sas de départ de 3 h 45… oh… ça, c’était l’objectif que j’avais déclaré courant décembre 2007 lorsque j’avais complété mon bulletin d’inscription. J’ignorais alors qu’on allait m’annoncer que j’avais un cancer début mars et m’opérer deux fois dans l’intervalle d’un mois…

Mais de toute façon, je ne me suis pas laissée entraîner par une mauvaise allure puisque j’ai couru le 1er km en 6’04 avant de me caler dès le 2e sur 5’40…

J’avais ma musique calée dans les oreilles dès le départ et me suis rapidement mise dans ma bulle, quasiment hermétique à tout ce qui pouvait arriver autour de moi.

Au 10e km, ma montre affiche 59’07. J’ai déjà un peu de retard, mais je ne m’inquiète pas et continue sur mon allure.

Les meneurs d’allure de 4 h vont me rattraper et dépasser définitivement au 15e km. Sans que je tente quoi que ce soit pour essayer de me maintenir à leur cadence.

Au 16e (pas noté le 15e, c’était le ravito) ma montre affiche 1 h 34’44, le retard est de 4’, mais mes jambes à partir de là, se mettent au ralenti.
A partir de là, je bascule sur des chronos supérieurs à 6’ au km et au passage au 20e km, ma montre affiche 2 h 00 tout rond, j’ai un retard de 1 km exactement…

Petit arrêt à des toilettes publiques et ça repart, nous abordons un passage assez long et avec une belle côte, c’est la montée de la Garoupe… Pour la première fois, je marche sur toute la montée, histoire de m’économiser pour les km qui restent…

Là, surprise, mon frère que j’attendais au km 33 m’appelle pour m’annoncer qu’il a rejoint la course au km 21 (le train ne s’étant pas arrêté à la gare qu’il escomptait). Mais il est DERRIERE moi ! J’espère alors qu’il va me rattraper, mais force est de constater que nous allons manifestement au même rythme et il me souhaite bon courage pour la fin… il va rejoindre la gare la plus proche… Il aura fait tout de même 9 km en tout…

Km 25 et chrono à 2 h 33… le retard est désormais important, mais je dois avouer que ça ne m’atteint pas plus que ça sur le moment : j’ai les jambes lourdes et j’ai surtout comme objectif de finir simplement !!!

Km 30 et 3 h 08… je voudrais que le marathon s’arrête ici !!! mais un tas de raisons font que je dois aller au bout, en plus de la médaille qui s’annonce très belle, je suis aussi têtue et déteste abandonner… et puis une autre raison très personnelle (Roland, bats-toi !) fait que je dois aller au bout de ma course, quel que soit le chrono !

J’ai les jambes très dures comme des bouts de bois, j’ai viré mon baladeur parce que la musique ne me sert plus à rien et, tout en restant dans ma bulle, je gère seule les 12 km restants… Je me motive en me disant qu’à tel endroit je marcherai sur quelques dizaines de mètres… et je vais trottiner/marcher un peu du 30e au 39e. Seulement sur les trois derniers km, je me dis que je dois finir sans marcher…

Quelques centaines de mètres avant l’arrivée, il y a mon frère sur le côté, qui n’a pas le temps de me prendre en photo mais qui va m’accompagner sur 200 m, avant de s’écarter.

J’accélère sur les 200 derniers mètres, j’ai des sanglots dans la gorge. 4 h 38, c’est terminé.

Remerciements spéciaux à Newbie que je n’ai pas pu voir au départ mais qui m’a chaleureusement encouragée par deux fois sur le parcours en me filmant un peu. Heureusement que tu as crié mon pseudo les 2 fois car j’ai alors levé la tête. MERCI !

Il faut dire que le prénom du coureur étant écrit sur le dossard, nous avions droit à des encouragements personnalisés de la part de la foule, très importante et très chaleureuse sur tout le parcours !

10 000 coureurs sur le parcours font qu’à aucun moment je ne me suis retrouvée isolée, même si j’étais isolée dans ma bulle !

Merci Aeolis pour ce week-end, il faudra qu’on soit plus au point si on doit se retrouver sur une autre course !!!

Message édité par : soleia / 09-11-2008 20:14

Message édité par : soleia / 23-12-2008 13:51