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AuteurVendredi 25 août ou L'excursion du matineux
Oseoma
196    
 trotteur
 Coureur

Oseoma
  Posté : 25-08-2006 17:31

Biiiiiiiiiiiiiiiii...PAF. Il est 6h30, la touche renfoncée du cadran lumineux en témoigne avec frustration. Je me lève donc d'un mouvement lourd pour me tirer de la pénombre matinale : c'est ce qui arrive lorsque l'on abaisse les rideaux avant le dodo. Je me rends à grand-peine jusqu'à la salle de bain 5m plus loin, afin d'ensevelir mon visage dans une débarbouillette fraîchement imbibée d'eau glaciale. Réveil brusque mais efficace, je suis désormais d'attaque pour un bon petit déjeuner qui n'attend que d'être englouti. Vu mes grands talents de cuisinier et mon humeur plus qu'affectueuse du matin, je me résous à concocter des tartelettes Pop-Tarts de Kellogg's au micro-onde que j'agrémente généreusement d'un yaourt légèrement périmé.


La forme est maintenant au rendez-vous. Je m'apprête alors à répondre à mes besoins naturels en retournant à la pièce qui se situe près de la Chambre du Repos : les bécosses. J'improvise ensuite toute une série d'étirements qui visent à me mettre en confiance en imitant les professionnels. Quelques douleurs ardentes s'emparent de mon corps peu adapté aux contorsions subies précédemment, mais dans l'ensemble, je m'estime follement heureux de pouvoir à nouveau me déplacer de mes très imposants 167cm. Je jette un coup d'oeil au-dehors et oh ! Que vois-je ? Mais oui ! Le ciel est d'un bleu enivrant sur toute la surface qu'il occupe là-haut. Est-ce un bon pressentiment ? Sûrement pas puisque je n'avais rien prévu tout comme la météo annoncée ce matin-même ...


Bien que j'aie du mal à me remettre de cette euphorie, le temps avance malgré tout plus vite que moi. Je décide enfin, 45 minutes après m'être tiré du sommeil, d'enfiler promptement mes chaussures et de me munir d'un outil accessoire étant donné mon humble niveau sportif, le cardio-fréquencemètre. Ceci fait, je suis en retard de près de 3 minutes sur mon départ habituel qui se tient à 7h15. Je l'ai constaté après un calcul mental fulgurant, aboutissant à un résultat égal à 7h18. Suite à cette péripétie mathématique des plus douées, je prends mon envol en claquant la porte derrière moi ce qui a pour conséquence de faire du bruit.


Parvenu à l'extérieur, je suis à même d'observer que la nature s'est déchaînée au cours de la nuit : il fait 5°C sans compter le facteur d'humidité ; je suis vêtu d'une short et d'une camisole parsemée de trous permettant à l'air de fendre mon torse faiblement protégé. Je comprends à ce moment qu'on peut aujourd'hui laisser tomber la phase d'échauffement et passer directement à l'action . Mais, comble de bonheur, je m'aperçois qu'il est plus simple de le dire que de le faire. Je cours dans un état de délire, de fureur, d'excitation intense. Malgré ces dispositions que je jugeais infaillibles jusque-là, je remarque que mes bouts de doigts sont quelque peu rosis et que mes yeux se mettent à pleurer vu la chaleur accablante qui règne sur le parcours.


Je n'abdique pas. Je me contente de me convaincre que j'ai accompli la tâche en bonne partie (pour celles qui ne sont pas encore gelées). Je regarde la montre du cardio-fréquencemètre pour confirmer mes songes et je me mets soudain à pleurer pour une raison complètement récente : je suis parti depuis seulement 4 minutes. Je m'avoue que je rattrape le temps perdu, mais mes affirmations sont faussées dû au fait que je ne suis rendu qu'au coin de la rue. Je persévère néanmoins, en bâillant ici et là pour faire comprendre à mon voisinage que mes organes oculaires sont rouges en raison de ma fatigue et non parce que j'ai laissé échapper plusieurs larmes auparavant.


Je cours, je progresse, je ne cesserai avant d'en avoir fini. J'ai beau m'en persuader, je n'en suis qu'à la seconde rue d'un trajet qui en inclue une trentaine. Pour m'encourager, je passe un temps fou à établir le pourcentage de la course que j'ai effectué jusqu'à présent. J'en conclue que d'ici peu, j'aurai fait plus de 7% de cet itinéraire, mais je dois convenir que mes mesures ne valent plus rien, car j'en suis à 2 rues plus loin. Pure extase, je recommence le procédé pour m'empêcher d'arrêter. Ça devient trop difficile pour ma caboche, je perds ma concentration et je fais donc face à mes craintes les plus mûrement réfléchies. Vais-je un jour revoir ma petite maison ? Aurai-je la force de me relever si je tombais du haut d'un trottoir mal conçu ? Comment réagirais-je devant une voiture qui tenterait de mettre fin à mes souffrances les plus diverses ?


J'abrège mes sombres idées et je me remets en route (je m'étais mis à marcher sur une pelouse décorée de fleurs qui étaient sans doute plus charmantes avant mon arrivée). Le vent siffle à mes oreilles, ma fréquence cardiaque tient le coup pour l'instant, la vie est belle ! En effet, le ciel, d'un bleu d'azur me laissant rêveur, est toujours présent avec un soleil qui tarde à gravir l'espace. L'unique pensée d'un rayon ultraviolet me brûlant nonchalamment la peau suffit à me réconforter et je garde espoir pour la suite.


Non sans peine, je traverse un pont sur lequel je m'imaginais sautant à pieds joints dans le vide : sans doute le fruit des pots d'échappement des voitures dont les passagers s'écarquillaient les globes à ma vue. Je n'étais peut-être pas tout à fait conscient de mes actes, mais je courais toujours et ce fut merveilleux ! C'était certainement une petite foulée pour l'humanité, mais une grand pas pour l'Homme qui courait au-dessus de la rivière. Tandis que je m'éloignai de cet endroit, je sentis en moi revenir la force et l'endurance du coureur. Malencontreusement, je dus calmer mes envies à un feu de signalisation de couleur rouge.


Bien que faisant du surplace, ma poitrine rebondissait férocement et mon cardio-fréquencemètre semblait balancer des indications qui correspondaient à cette fureur Mod_sup6niaque qui possédait mon être tout entier. La lumière fut et je pus (du verbe pouvoir) planifier la suite de l'aventure en dépit de ma réticence à cette violente promenade. Un peu plus écarlate qu'à l'ordinaire, je franchis vite fait la barrière routière qui me séparait de la piste cyclable opposée à moi. J'arrive de l'autre côté à bout de souffle agité de spasmes frénétiques.


Je perpétue dans mon élan qui freine au gré des secondes qui passent. Crevé, foutu, mort ou encore décédé sont des mots parmi tant d'autres qui me vinrent à l'esprit. C'est alors que j'entends le klaxon amical d'un camion qui me cédait le passage. Était-ce parce que j'avais ralenti au beau milieu du chemin ou parce qu'il vénérait sincèrement ma présence ? Je ne le saurai probablement jamais, mais j'ai poursuivi en le saluant du regard, puis en méditant sur cet incident des plus motivants pour la réussite de cette exploration parfois pénible, parfois TeRrIfIaNtE...


Je lève les yeux au ciel, puis je les redescends pour ne pas rencontrer un arbre. Je parviens à tourner un autre coin de rue et je m'élance vers les confins d'une voie de communication des plus longues et fastidieuses : un lamentable tracé finement courbé qui s'étend d'un bout à l'autre du paysage rural. Ici, il est clair que ce n'est pas le meilleur abri pour contrer les dangers de la température. Je frissonne, je hisse mes bras simplement par habitude tout en les frottant contre mon corps, mais je cours toujours et c'est ça la vie d'un coureur !


Je repense aux bons événements qui ont constitué ma tendre enfance qui fut par moment turbulente, je m'attriste à l'idée de ne peut-être jamais satisfaire les désirs d'une Mod_sup6iselle frémissante de passion à mon égard (on a tous le droit de rêvasser)... bref, je commence à me figurer les détails de mon futur cercueil. Ziiiiiiiiiiiiioooooooou : je me fais doubler par un cycliste qui me sourit, émotion que je ne su interpréter sur le coup, mais qui me redonna confiance en mes jambes poilues et viriles qui ne suspendaient jamais leur lutte contre le dur sol de la région.


Mouillé non plus uniquement par mes larmes, je me mis à suer sans relâche en hâtant le pas supinateur qui me maintient en vie. Je me défonce, je me promets d'avoir une relation durable qui s'étale sur plus d'une semaine et la vision de cet échec me donne des ailes. Je me considère à cet instant comme un ange qui vogue à travers les champs sans même fournir d'efforts pour parvenir à ses fins (ça n'a pas fonctionné sur ce dernier point, par contre). Ma substance corporelle retrouve sa vitalité d'antan, il était temps.


Je pousse quelques exclamations causées par le supplice physique et moral que je vis et je tiens bon (pour le moment). Ma cadence, déjà un peu moins rapide que prévue, diminue davantage et je suffoque à l'idée de devoir mettre fin à la partie. Je me resaisi. Ça ne sert cependant à rien : je n'ai plus l'audace de terminer. Et c'est tant mieux parce que j'ai atteint ma destination finale. Je reviens bredouille quant aux performances vu que j'ai omis de démarrer l'enregistrement des fréquences au cours de la séance, mais je reviens et c'est merveilleux ! C'est ça l'existence d'un coureur : il y a toujours du va-et-vient. Heureusement d'ailleurs, ça fait du bien de rentrer chez soi .


Je retire coûte que coûte mes chaussures qui sentent le moisi (et avec raison les pauvres !), je dévale à vive allure les marches grâce à mon popotin qui a vite fait d'amortir ma triste chute et je tape passioncourseapied.fr. Je sélectionne le forum approprié, et j'entreprends d'écrire une oeuvre littéraire représentant mon imbécillité dans toute sa splendeur :

« Biiiiiiiiiiiiiiiii...PAF. Il est 6h30 ... »



FIN

Message édité par : Oseoma / 25-08-2006 17:41


  Profil  
Toulonnais
58   
 trotteur
 Coureur

Toulonnais
  Posté : 25-08-2006 17:41

Bravo et merci le Quebec
Alexia et moi on vient de vivre avec toi ces moments, mais nous en tout cas, on n'y voit aucune trace d'imbécilité.
Bien au contraire..
Bien ce récit!
Très bien même!!


Alex et JP



  Profil  
soleia
47539       
 Ã©claireur
 Coureuse

soleia
  Posté : 25-08-2006 18:05

Bravo Oseoma Un récit plein d'humour très bien écrit

5 degrés en short et tee-shirt
Diable ! tout de même


  Profil  
Ex_User
  

Ex_User
  Posté : 25-08-2006 19:16

Merci pour ce récit de training.
Faut la Canadienne chez toi alors.
Même pour courir.
5° , c'est un peu froid ça.
Mais j'ai bien aimé ton récit moi aussi.

  Profil  
Neon
24   
 glandeur
 Coureur

Neon
  Posté : 25-08-2006 19:49

C'est bien oui, car moi si je vais m'entrainer et qu'il fait 5 degrés
je retourne à l'apéro histoire de me réchauffer un peu.

  Profil  
Oseoma
196    
 trotteur
 Coureur

Oseoma
  Posté : 25-08-2006 20:10

C'est tout de même moins pire qu'en Janvier où il fait constamment -20°C, si on néglige le facteur humidex (on a eu plusieurs fois -40°C en 2006) ... Peut-être que ça finira par s'aggraver en sens inverse si les gens continuent d'ignorer le réchauffement de la planète. Quelle avancée spectaculaire !

Bon j'avouerais que j'en ai peut-être mis un peu plus que ce que veut bien dévoiler la réalité. N'empêche qu'il faisait quand même entre 5 et 7° ... Rassurez-vous (pour les quelques personnes qui s'inquiétaient peut-être de mon état pathologique ), mon corps comporte suffisamment de tissus adipeux pour me maintenir au chaud à cette température . La seule différence avec l'hiver, c'est que je ne mets pas de manches longues et une tuque pour couper les rafales . J'ai bien hâte de m'y voir cette année : l'art de pratiquer un marathon dans des conditions extrêmes ...

Ça risque de mettre fin à ma «carrière» de coureur, mais c'est cool y a personne dans les rues pour me le signaler ... N'empêche, je n'ai pas prévu quitter ce site pour autant . J'ai toujours été un peu spécial et mes connaissances ne se gênent pas pour me le faire savoir d'une manière ou d'une autre. Suffit de s'imaginer que c'est une qualité et à la longue ça se prend comme un compliment .

J'imagine que vous en pensez la même chose, donc merci par avance à vous aussi ...

  Profil  
soleia
47539       
 Ã©claireur
 Coureuse

soleia
  Posté : 25-08-2006 20:28

- 40 degrés
J'essaierai de m'en souvenir quand, en plein milieu de l'hiver, il ne fera que - 1 degré chez nous
(et je me plaindrai un peu moins du coup )

  Profil  
Roadrunner06
173    
 trotteur
 Coureur

Roadrunner06
  Posté : 25-08-2006 21:11

Bon récit en effet, un de ceux comme on les aime sur PCAP.
Merci Oseoma
D'ailleurs faudra que je fasse lire ça à une de ems connaissances.

40°!
Alors si Neon fonce à l'apéro pour 5°, il fait quoi avec moins 40?
Neon si tu passes par là réponds!

  Profil  
Outlawrunner
7793     
 gniaqueur
 Coureur

Outlawrunner
  Posté : 25-08-2006 21:34

Bonsoir à tous,
Bonsoir le Quebec
Superbe récit.
Bravo............
Moi ce jour pas pu courir, mais demain je me rattrape.
Neon est rentré et bien entendu ça parle d'apéro, faut vite que Road06 l'entraine sur le bitume ou sur les sentiers . Pas vrai Road?
A demain tous

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